La taille mannequin. Olga Volfson, elle, grâce à son blog Theutoptimist relaie plutôt les initiatives body positive en France et ailleurs des danseuses XXL qui montent une compagnie, une comédienne défilant sur le « red carpet » les aisselles non épilées, une femme noire en couverture d'un magazine. Son dis-cours, plus militant que les autres, vise à «taper sur le modèle de la beauté unique », à savoir une femme mince, grande, blanche, la peau immaculée, le maquillage impeccable. «Lorsque j'étais ado, j'étais très complexée par mon corps, raconte Nina Flageul, 24 ans. Je cherchais des modèles de mannequin qui correspondaient davantage à ma taille.

La première fois que j'ai vu des images de body positive, je me suis sentie complètement chamboulée. Je me suis dit mais alors, je pourrais montrer mon corps, moi aussi? Et il serait donc joli? C'est-à-dire que j'étais moi-même dans une forme d'autocensure ! » Et les réseaux sociaux comme Instagram ou les blogs aident grandement à cette prise de conscience. En effet, les vidéos et les photos postées parlent d'elles-mêmes. Les marques l'ont bien compris, elles qui comme Dove, Modcloth ou Rebdolls montrent désormais des mannequins grandes tailles.

LES «HORS NORME»? TOUS COUPABLE Pour autant, pas de ras de marée du body positive en France. Le mot n'est même pas traduit in french ! Le sociologue Sylvain Ferez parie pourtant sur son succès prochain, même si cela doit prendre plus de temps qu'aux États-Unis. Il n'hésite pas à faire le parallèle avec le handicap «En France, le regard sur le handicap a progressivement évolué, influencé en cela par les États-Unis. Peu à peu, le handicap n'a plus été perçu comme relevant d'une faute individuelle mais comme une question sociale. Les handicapés n'étaient plus fautifs

Les bienfaits : du yoga • De très nombreuses blogueuses 4, américaines adeptes du body positive sont aussi des fans • de yoga (comme Amber Karnes et son. Pas étonnant ! Cette discipline • repose en effet sur les valeurs • de bienveillance à son propre . égard et sur l'acceptation de • „ son corps. Contrairement aux ; • clichés encore largement en • vigueur, nulle idée de postures acrobatiques, nécessitant d'aller • placer son pied derrière son • '1. oreille, le sourire aux lèvres. • Il suffit seulement de pratiquer . • en acceptant son corps du jour • et en se reliant à son souffle. ; • Une façon toute simple d'entrer • • dans le mouvement du body positive.

Puisqu'on faisait le constat que les normes en vigueur les excluaient, notamment sur le plan architectural, certains bâtiments leur étant interdits. De la même façon, on constate aujourd'hui à quel point la norme sur le corps est prégnante, la pression incroyablement forte et omniprésente. Les obèses, ajoute-t-il, sont tenus pour responsables et fautifs de ce qui leur arrive. Le sens commun fait une fois de plus abstraction de l'aspect social du problème, à savoir le prix des aliments, la pression de l'industrie agroalimentaire, le développement de la mal bouffe, les aspects médicaux complexes à l'origine du surpoids. » Or, on assiste selon ce chercheur à une< forme de résistance face aux diktats sanitaires qui voudraient que chacun prenne sa santé en main pour entrer dans la norme «En sanitarisant cette question, on crée une pression supplémentaire et on fait comprendre à ces personnes qu'elles sont un fardeau pour la société. On leur demande tous les jours de rentrer dans le rang. Plus la pression sera forte, plus les formes de résistances augmenteront.» Pour autant, le body positive ou body acceptance ne concerne pas que les grandes tailles. C'est vrai que, pour l'instant, ce sont elles qui montent

au créneau. «Peut-être parce que ce sont elles qui sont les moins bien acceptées», tente Nina Flageul. Peut-être. Toujours est-il que le mouvement s'adresse à toutes les femmes qui ont tendance à regarder leur propre corps avec suspicion. «La philosophie de la body acceptante, insiste la jeune blogueuse, c'est de ne pas se mêler du corps des autres, d'accepter le sien, et de ne pas en faire un objet de constante préoccupation.»

À BAS W CULTE DE LA PERFORMANCE La précision n'est pas superflue. En effet, la démarche de certaines blogueuses pour-rait prêter à confusion, comme le fait re-marquer Catherine Lemoine, rédactrice en chef de magrandetaille.com. «Elles font un travail remarquable pour montrer des femmes belles et grosses. Mais ces dernières sont maquillées, bien ha-billées et prennent énormément soin d'elles. La body acceptante s'adresse à madame Tout-le-Monde qui ne passe pas des heures à travailler son image.» En France, cette philosophie de bienveillance à l'égard de soi se développe beaucoup par le biais du mouvement LGBT (lesbien, gay, bi et trans) qui organise des soirées body positive. Là non plus, cela n'étonne guère le sociologue Sylvain Ferez « Aux États-Unis, lorsque les gays ont organisé des jeux sportifs sur le modèle olympique, dans les années 80, il ne s'agissait pas de montrer de beaux athlètes homo-sexuels. Tout le monde pouvait participer quels que soient son physique et ses capacités. Les organisateurs avaient explosé la norme de la performance. Il n'est donc pas étonnant que le body positive s'exprime aujourd'hui d'abord dans ces milieux. Tous les publics qui ont l'expérience du poids de la norme sont susceptibles d'entrer en résistance.» Allez les filles, on commence «I love me and my body, I love me and my body... »